Le samedi 28 septembre, la municipalité, en lien avec l’association pour la Mémoire de l’Exil Républicain Espagnol dans le Finistère (MERE-29), a rendu hommage aux Républicains Espagnols à Penmarc’h lors de diverses manifestations.
Hommage à Joseph Moreno
Une première cérémonie officielle était organisée au monument aux Morts de Poulguen, le lieu de rassemblement réservé habituellement à la commémoration de l’Armistice du 8 Mai 1945. En ce lieu même où plusieurs résistants dont Antonio Garcia Martin, alias Joseph Moreno, furent froidement exécutés par l’occupant nazi le 21 avril 1944. Pour rappel, en juin 1943, Joseph Moreno se retrouve à Lorient, puis à Rennes et ensuite à Brest où tout en exerçant le métier de cordonnier, il devient le responsable d’un groupe de résistants espagnols appelés Los Deportistas (“les sportifs” en français). Il est arrêté le 28 mars 1944 à Brest suite à une dénonciation, puis déféré à la prison de Quimper et exécuté à Poulguen. À l’occasion de la cérémonie du 8 Mai, un vibrant hommage avait été rendu à ces hommes qui ont perdu la vie en combattant pour la liberté et en défendant les valeurs de notre patrie.
L’exil des espagnols
Pendant la guerre civile d’Espagne (1936-1939), 150 000 citoyens républicains espagnols et près de 500 000 en 1939 franchiront la frontière franco-espagnole à la suite de la chute de la Seconde République espagnole et de la victoire du général Franco. La Retirada est le nom donné à cette période de l’histoire. La plupart d’entre eux embarqueront sur des navires de fortune, en quête d’exil et de liberté. Beaucoup entreront en résistance et combattront l’occupant nazi en France et notamment dans le Finistère.
Le naufrage du Huerta à St Pierre
Mais l’histoire de Penmarc’h avec les exilés Républicains ne se limite pas à la résistance. En effet, le 20 octobre 1937 à Aviles, près de Gijón au Nord de l’Espagne, 120 républicains espagnols, des officiers de l’armée républicaine pour la plupart d’entre-eux, embarquent à bord du Huerta un chalutier de 20m. Acculés sur la côte atlantique espagnole près de Gijón et encerclés par leurs adversaires, ils sont contraints de quitter leur pays. Ces hommes voyagent pendant 3 jours sans nourritures et vivent dans des conditions déplorables. Dans la soirée du 23 octobre 1937, une très forte tempête s’abat au large de Penmarc’h et le bateau fait naufrage au petit matin à St Pierre, à proximité du Phare d’Eckmühl. M. Guillou, maître guetteur du sémaphore à l’époque assiste à la scène, puis alerte la population. N’écoutant que leur courage et leur désir de sauver les vies, les marins de trois embarcations penmarc’haises partiront à leur secours :
- le Léon Dufour, canot de sauvetage à rames et à voile, patron Corentin Stéphan
- le Saint Thomas, pinasse à moteur, patron Thomas Lucas
- la Cassiopée, grande plate à avirons, patron Michel Bouguéon
Grâce à la ténacité et à l’engagement de ces équipages, tous les espagnols ont été sauvés. Certains d’entre eux ont été logés à l’ancien hôtel du Phare d’Eckmühl, puis ont été acheminés à Plouhinec. Dans les jours qui ont suivi, ils sont repartis au combat en Espagne pour lutter contre les franquistes.
Le 8 mai 1938, lors d’une cérémonie à la Sorbonne, présidée par l’amiral Lacaze, ancien ministre de la Marine, plusieurs sauveteurs ont été honorés. Les patrons des navires nommés ci-dessus ont reçu une médaille d’or pour avoir sauvé au péril de leur vie tous les réfugiés du Huerta.
Exposition et conférence à la salle Cap Caval
L’après-midi, à la salle Cap Caval, en parallèle d’une exposition retraçant l’histoire des Républicains Espagnols dans le Finistère, plusieurs modules étaient proposés. Jean Sala Pala, membre de l’association et fils d’un Républicain Espagnol a brillamment plongé la soixantaine d’auditeurs dans l’histoire Espagnole des années 30 et exposé les causes et conséquences de cet exil. Claudine et Jean-Pierre Durand ont ensuite projeté le diaporama qu’ils ont réalisé il y a quelques années avec l’aide notamment de Jeanne Lucas, fille de Thomas Lucas, l’un des patrons-sauveteurs. Ce film s’intitule “Le sauvetage du chalutier Huerta”, il est consultable sur la plate forme “Viméo”. L’après-midi s’est poursuivie par la narration du parcours de Antonio Garcia Martin par Claudine Allende Santa Cruz. Un moment empreint d’émotion, puisque bien qu’aux mains des Allemands et soumis à de nombreuses tortures, il ne dénonça jamais ses camarades résistants. L’un d’eux était Lucas, le papa de Claudine Allende Santa Cruz.
Le maire a conclu la journée en rappelant le devoir impérieux de mémoire.
Photo à la une : moment de recueillement au monument des Fusillés de Poulguen
Documentaire : le sauvetage du chalutier Huerta
Version française
Version bretonne
Les discours de la cérémonie